Dopage -Quatre mises en examen en Guadeloupe

Publié le par COACH

Pour la Direction de la police judiciaire, l'enquête, qui durait depuis deux ans, se poursuit et pourrait, prochainement, déboucher sur d'autres interpellations dans le peloton.
Enfin, la justice entre dans la danse, qui plus est avec des preuves solides. Quatre personnes doivent être mises en examen ce matin pour avoir volé, écoulé et consommé un produit dopant interdit, aux propriétés identiques à l'EPO. Selon les enquêteurs, d'autres interpellations pourraient suivre. Le grand ménage dans le vélo guadeloupéen a-t-il commencé
Interpellées mercredi matin, quatre personnes, dont un coureur, ont été placées en garde à vue. Celle-ci s'achève ce matin et doit déboucher sur leur mise en examen. C'est sur un renseignement fiable et exploité promptement par la DIPJ que l'on a procédé à leur interpellation. L'enquête, elle, durait depuis deux ans. « Elle portait sur un trafic de produit dopant avec deux frères, l'un qui travaillait dans un laboratoire et dérobait le produit, l'autre qui l'écoulait auprès des cyclistes » , explique le commissaire Gabillard, en charge de l'enquête. « Il y avait aussi une autre personne qui écoulait le produit et un coureur peu connu du peloton. » Avant-hier matin, les policiers ont donc cueilli tout ce petit monde, dont le coureur, qui dispose d'une licence Ufolep, qui a gagné quelques courses cette saison et qui s'est récemment distingué sur une course... Un « sportif » qui se vantait de pouvoir choisir ses courses et qui grimpait Frédéric plus vite que Peña Peña!
« Trafic de grande ampleur »
Il était d'ailleurs temps d'aller le trouver puisqu'il devait quitter le département prochainement pour une course en Métropole. Aux domiciles des quatre personnes interpellées, les policiers ont trouvé « des produits et des documents » , dixit le commissaire Gabillard. Ce sont surtout ces dernières pièces qui intéressent les enquêteurs au plus haut point. Parce qu'il se dit que les poissons sont encore nombreux à nager impunément dans le peloton. Parce qu'il y aurait beaucoup de coureurs qui se sont servis dans le stock des deux frères depuis deux ans et qui vont bientôt entendre, eux aussi, la justice sonner à leur porte. Le commissaire Gabillard confie ainsi : « Je crois que le trafic est de grande ampleur. Il ne s'agit pas d'un réseau international, on est ici dans un schéma local. On ne sait pas encore combien de coureurs peuvent être impliqués mais il y en a plus que quelques uns... »
Un mois avant le 60e Tour
Interrogé hier sur cette nouvelle affaire, vingt-trois mois après l'affaire USL (lire ci-dessous), le président du comité Bernard Chaulet n'a pas souhaité faire de commentaires. « Je ne peux rien dire pour le moment si ce n'est que notre souhait est d'avoir un cyclisme le plus propre possible en Guadeloupe. » C'est bien parti pour, même si le nettoyage risque d'avoir beaucoup d'effets collatéraux. En plein Tour de Marie-Galante et à un mois du 60e Tour (6-15 août), le cyclisme guadeloupéen se serait bien passé de cette publicité. Pas le cyclisme comme on le conçoit, le propre.
- Les affaires précédentes
2006 : Un jeune coureur est suspendu six mois. L'affaire prend des proportions tout autres, puisqu'un réseau a été démantelé, impliquant des personnes du milieu médical, notamment. La justice s'est saisie de l'affaire.
2008 : Le 31 juillet 2008, six coureurs de l'USL et un proche du club sont placés en garde à vue. Boris Carène, Joann Ruffine, Daniel Bernal, Ismaël Sarmiento, Fabrice Gène et Nicolas Dumont sont auditionnés. Les enquêteurs ont perquisitionné au local du club lamentinois et découvert du matériel de transfusion sanguine. Exclus du Tour, qui débute le lendemain, il leur est reproché la détention et l'importation de produits illicites. Quatre coureurs sont mis en examen : Daniel Bernal, Boris Carène, Joann Ruffine et Ismaël Sarmiento. Les résultats des contrôles urinaires pratiqués sur les coureurs s'avéreront tous négatifs.
- BILLET - Vite, la suite!
Le 22 février dernier, France-Antilles lançait un pavé dans la mare de l'omerta en révélant qu'un coureur guadeloupéen avait été contrôlé positif à l'EPO sur le Tour 2009. Quatre mois ont passé et le nom du tricheur n'a pas encore pu être révélé. La plus haute discrétion entoure son identité. Ici comme à Paris. Le dossier et l'article, déjà écrit, sont cependant bien au chaud sur disque dur et CD de sauvegarde, dès fois que... Le coureur, lui, s'entraîne, on l'a vu, mais ne court plus depuis cette date. Étrange, non ?
Les confidences, anonymes bien sûr, se sont multipliées depuis mais personne n'a osé dire la vérité à visage découvert. « Peloton gangrené par le dopage » , « dealer vendant des doses entre deux voitures d'équipes » , « même les jeunes en prennent » ... Des propos qui recoupent tout ce que l'on entend depuis longtemps. Du sensationnel mais inexploitable car totalement secret.
On est en juillet et les langues ne se sont pas déliées. Que peut-on dire aujourd'hui ? Que les trois receleurs mis en examen ce matin ont sans doute fourni au tricheur du Tour 2009 sa dose qui l'a révélé positif. Ça se tient. Qu'ils ont sans doute aussi arrosé ceux qui roulent actuellement ? Aussi. Qu'ils ont, déjà, fourni leurs « vitamines » à ceux qui feront le Tour dans un mois ?
Pourquoi pas. À ce sujet, on regardera attentivement la liste des engagés pour voir si des noms n'ont pas disparu par la grâce du manque de forme. On surveillera aussi les moyennes horaires qui n'ont jamais été aussi élevées ces derniers temps. Parce que voilà : la suspicion est telle qu'on voit le mal partout et qu'on ne sait plus trancher.
Alors oui. On peut oser espérer que le train de la justice va permettre d'y voir plus clair dans cette sombre histoire. Il serait enfin temps que l'on sache la vérité. Vite, la suite!
source : France Antilles -2/07/2010

Publié dans actualité

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article